La junte tchadienne accorde une amnistie générale suite au rassemblement anti-gouvernemental meurtrier du « Jeudi noir »
Les dirigeants militaires du Tchad ont annoncé une amnistie générale qui met effectivement fin aux poursuites et annule les verdicts de culpabilité liés à la mort de centaines de manifestants lors d’un rassemblement antigouvernemental en 2022.
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Le Parlement tchadien nommé par le gouvernement, le Conseil national de transition, a adopté la loi jeudi avec 92,4 pour cent des membres votant pour, a déclaré le ministre de la Réconciliation nationale, Abderaman Koulamallah, à l’agence de presse française AFP.
La loi s’inscrit dans un engagement de réconciliation nationale et s’applique à tous les Tchadiens, civils et militaires, qu’ils fassent déjà l’objet d’une enquête ou non.
L’amnistie concerne le 20 octobre 2022 – surnommé « Jeudi noir » par l’opposition – lorsque des centaines de manifestants, principalement des jeunes, ont protesté contre la décision du président militaire Mahamat Idriss Deby Itno de se maintenir au pouvoir pendant encore deux ans.
La police et les militaires ont ouvert le feu dans la capitale N’Djamena, tuant 73 personnes, selon le gouvernement, soit au moins 218 (selon l’opposition et les groupes de défense des droits tchadiens).
« Des procès inéquitables »
À la suite des manifestations, le régime a déclaré que 621 jeunes, dont 83 mineurs, étaient détenus dans la tristement célèbre prison du désert de Koro Toro, à 600 kilomètres de la capitale.
La plupart ont été reconnus coupables et condamnés à la prison lors d’un procès collectif, avant d’être graciés par Déby.
Des ONG locales et internationales ainsi que des experts mandatés par l’ONU estiment qu’entre 1 000 et 2 000 personnes ont été arrêtées. Des dizaines, voire des centaines d’entre eux ont disparu depuis.
« Malgré la promesse immédiate des autorités d’ouvrir une enquête, tout ce que nous avons vu jusqu’à présent, ce sont des procès inéquitables à huis clos des manifestants et l’absence d’enquêtes sérieuses sur les auteurs présumés des meurtres », a déclaré Amnesty International en octobre 2023, un an plus tard. après les manifestations.
Opposition
L’opposition et les ONG ont déjà dénoncé l’amnistie comme une mesure du gouvernement visant à soustraire à la justice les policiers et les militaires responsables des meurtres.
La plupart des dirigeants de l’opposition restent en exil.
Cependant, Succes Masra, président du parti Les Transformateurs, est rentré au Tchad le 3 novembre dans le cadre de l’amnistie générale après avoir trouvé un accord avec le gouvernement.
Dimanche dernier, il a appelé au calme parmi ses partisans, affirmant que “la réconciliation n’est pas une capitulation”.
D’autres dirigeants de l’opposition ont accusé Masra de s’être rapproché du pouvoir à l’approche des élections promises pour 2024 qui, selon le gouvernement, marqueront un retour à un régime civil.
Avant les élections, un référendum sur une nouvelle constitution est prévu le 17 décembre.
La grande majorité des partis d’opposition appellent au boycott du vote.
(avec AFP)