Un tribunal sénégalais autorise un opposant emprisonné à se présenter à la présidentielle
Un juge sénégalais a ordonné jeudi la réinscription du chef de l'opposition emprisonné, Ousmane Sonko, sur les listes électorales, lui ouvrant ainsi la voie à sa candidature à l'élection présidentielle de l'année prochaine.
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Le juge a confirmé une décision d'un tribunal régional d'octobre, annulée par le plus haut tribunal du Sénégal le mois dernier, selon laquelle la question de savoir si Ousmane Sonko devait être réinscrit sur les listes électorales devait être renvoyée au tribunal inférieur de Dakar.
Selon le correspondant de RFI à Dakar, certains partisans de Sonko réunis au tribunal ont accueilli cette nouvelle avec jubilation.
L'un de ses avocats, Me Ciré Clédor Ly, a indiqué que l'Etat pouvait déposer un recours devant la Cour suprême, mais que « ce recours n'est pas suspensif ».
“Le code électoral est très clair”, a-t-il ajouté. “Lorsque le juge prend sa décision, cette décision doit être immédiatement exécutée.”
Une affaire de justice alambiquée
Sonko est au centre d'un bras de fer avec l'Etat depuis plus de deux ans.
Il est arrivé troisième lors de la dernière élection présidentielle.
De plus en plus populaire ces dernières années, notamment auprès des jeunes électeurs, il a cependant eu affaire à la justice dans de nombreux dossiers.
Condamné pour « corruption de la jeunesse » dans un procès brûlant en juin, il a également été accusé par le gouvernement d'incitation à l'insurrection, après avoir résisté à son procès par des marches et des manifestations populaires.
Fin juillet, il a été arrêté pour fomentation d'insurrection, association criminelle avec un groupe terroriste et atteinte à la sécurité de l'État.
Ses partisans au sein de son parti PASTEF et de la coalition d’opposition estiment que les nombreuses allégations criminelles portées contre lui depuis 2021 font partie d’une campagne visant à faire dérailler ses aspirations politiques à l’approche de l’élection présidentielle de février 2024, menée par l’actuel président Macky Sall.
Mi-octobre, un juge de Ziguinchor, fief de Sonko, ville de la région de Casamance dont il est maire depuis janvier 2022, a ordonné sa réinscription sur les listes électorales pour le scrutin de février.
La Commission électorale nationale du Sénégal a ajouté début novembre que Sonko “doit bénéficier de son statut d'électeur inscrit avec tous les droits qui y sont attachés”.
Mais le ministère de l'Intérieur du Sénégal a depuis refusé cette demande.
Quelques semaines plus tard, la Cour suprême du Sénégal statuait sur son inéligibilité et son parti devait choisir un autre candidat, Bassirou Diomaye Faye, pour défier le président Sall à la prochaine élection présidentielle.
De retour en campagne
Pastef avait insisté sur le fait que toutes les voies juridiques n'avaient pas été épuisées pour blanchir Sonko, encourageant entre-temps l'opposition à travailler avec Diomaye Faye.
Son porte-parole, El Malick Ndiaye, a confirmé que Sonko souhaite continuer à se présenter.
Depuis Blaise Diagne jusqu'à nos jours, aucun homme politique sénégalais n'a été autant victime de calomnies, de diffamations, de diabolisations, de stigmatisations, d'intimidations, de harcèlements, de persécutions, d'accusations injustes, de violences et de menaces de mort que… pic.twitter.com/V0oliBvfJE
— El Malick NDIAYE (@elmaalignjaay) 14 décembre 2023
Sonko n'a plus que quelques jours pour réintégrer la course à la présidentielle : il doit présenter formellement sa candidature et obtenir les parrainages nécessaires avant le 26 décembre.
(avec AFP)