La junte militaire du Niger libère sous caution le fils du président déchu
Salem Bazoum, le fils du président nigérien Mohamed Bazoum, renversé lors d'un coup d'État l'année dernière, a été provisoirement libéré lundi, selon le tribunal militaire de Niamey.
Publié le:
2 minutes
Dans un document judiciaire consulté par l'AFP, Salem Bazoum a bénéficié d'une “libération provisoire” après avoir été détenu avec ses parents depuis l'arrivée au pouvoir de la garde présidentielle le 26 juillet 2023.
Le document ajoute qu'il lui appartient “de répondre à la justice dès qu'il y est invité”.
Les parents du jeune homme de 22 ans restent en garde à vue à la résidence présidentielle.
Une source proche du président déchu a indiqué à l'AFP que Salem Bazoum avait quitté Niamey pour Lomé, la capitale du Togo, où il est arrivé lundi soir.
Un communiqué du gouvernement togolais a confirmé un accord pour la libération de Bazoum après une médiation du Togo et de la Sierra Leone, mais n'a donné aucun détail sur le sort de Bazoum.
Transition de trois ans
Le Niger est dirigé par des chefs militaires depuis le renversement du président élu Bazoum, qui a suscité la condamnation internationale.
Le général Abdourahamane Tiani, dirigeant militaire, a déclaré que son régime souhaitait jusqu'à trois ans pour revenir à un gouvernement civil.
Le Togo fait partie de plusieurs États d’Afrique de l’Ouest impliqués dans une médiation avec le régime militaire nigérien.
Lundi, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, était à Niamey, où il a rencontré le Premier ministre du Niger nommé par la junte, selon la télévision publique nigérienne.
Cela faisait suite à un voyage de Dussey à la mi-décembre, où il avait déclaré avoir trouvé un accord “sur le contenu et le calendrier de la transition” avec le Premier ministre.
Le nouveau régime militaire s'est éloigné des partenaires européens jusqu'alors proches du Niger – notamment la France – et s'est rapproché de deux de ses voisins, le Mali et le Burkina Faso, qui, après les récents coups d'État, sont également dirigés par des militaires.
Les dernières troupes françaises se sont retirées du Niger en décembre.
Comme le Burkina Faso et le Mali voisins, le Niger est confronté à des violences djihadistes persistantes, en particulier dans la zone dite des trois frontières, où se rencontrent les trois pays du Sahel.
Des sanctions sévères
Après l'éviction de Bazoum, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a également imposé de sévères sanctions économiques et financières à Niamey.
Les prix des denrées alimentaires ont augmenté et il y a une pénurie de certains produits de base, comme les médicaments, dans ce qui est l'un des pays les plus pauvres du monde.
Le Togo fait partie des nombreux pays qui ont récemment assoupli leur position à l'égard des autorités nigériennes.
Le président béninois, Patrice Talon, a appelé le mois dernier au rétablissement rapide des relations entre son pays et le Niger voisin.
Une semaine plus tard, le Bénin a levé sa suspension des marchandises importées transitant vers le Niger via le port de Cotonou après cinq mois de sanctions.
Le Niger est actuellement toujours suspendu de la Cedeao – qui a déclaré que la libération de Bazoum et son retour au pouvoir faisaient partie des conditions d’un assouplissement des sanctions.
Plusieurs anciens responsables du gouvernement renversé ont été arrêtés et d'autres sont en exil.
L'ancien ministre de l'énergie Ibrahim Yacoubou a été arrêté la semaine dernière à son retour au pays.
(avec AFP)