le faux espoir de réconciliation entre le Maroc et l'Algérie ?
“En raison du vide actuel, en l'absence d'action maghrébine commune”, il a été décidé “d'organiser des rencontres maghrébines sans exclure aucun parti”, a déclaré le président algérien lors d'un entretien périodique avec des représentants des médias locaux le 31 mars. Le souhait d'Abdelmadjid Tebboune est que « cet espace est une initiative bénéfique pour les pays de la région en rassemblant et en unifiant leurs voix sur les questions qui les concernent, d'autant plus que nous partageons quasiment les mêmes problématiques ». “Ce bloc n'est dirigé contre aucun autre Etat et la porte est ouverte aux pays de la région”, a-t-il ajouté, insistant sur le fait qu'il est “inacceptable” d'isoler qui que ce soit. Début mars, l'Algérie, la Tunisie et la Libye se sont rencontrées à Alger pour discuter de la faisabilité du projet.
A lire : Le rêve d'Abdelmadjid Tebboune, un Maghreb uni…sans le Maroc
Evoquant la question du Sahara, le haut responsable algérien a indiqué qu'elle constitue “une juste cause à l'agenda des Nations Unies”. Il nuancera cependant que sa réglementation « n'est pas dirigée contre nos frères du Maroc ou contre qui que ce soit d'autre, mais il s'agit de décolonisation ». Et d’argumenter : « Si nous utilisons la raison plutôt que la menace et la force, nous parviendrons à une solution. » Tebboune dit ne pas vouloir s’enfoncer davantage dans la « division arabe ». Une réponse inhabituelle de la part d'un responsable algérien. La question du Sahara reste l'un des points de friction entre le Maroc et l'Algérie, qui a rompu unilatéralement les relations diplomatiques avec son voisin en août 2021. Tandis que son protégé, le Polisario milite pour « le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination » via un référendum. , le Maroc propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Une proposition soutenue par de nombreux pays dont les États-Unis, l'Espagne, l'Allemagne et Israël.
A lire : La fausse main tendue d'Abdelmadjid Tebboune au Maroc
Ces propos du président algérien sont perçus comme un message d'espoir par les Marocains et les Algériens qui souhaitent que la crise entre les deux pays s'apaise et que les frontières de Zouj Bghal soient rouvertes. « J’espère que cela se terminera bientôt. Ma famille me manque là-bas. Je ne les ai pas vus depuis deux ans, depuis qu'ils ont arrêté les vols (directs)”, a-t-il déclaré au média. Le nouvel arabe Khadija, de la ville frontalière marocaine d'Oujda. Elle vient régulièrement aux frontières, mais finit par repartir en larmes car elle dit se sentir « impuissante ».
A lire : Maroc-Algérie : les regrets d'Abdelmadjid Tebboune
Selon certains analystes, les déclarations du président algérien ne pourraient être qu'un faux espoir supplémentaire pour la réconciliation tant attendue des deux Etats. “Il est peu probable que les deux Etats changent leurs stratégies diplomatiques dans les années à venir”, a déclaré le professeur Said Saddiki. Pour étayer son argument, il affirme que l’Algérie et le Maroc sont aujourd’hui en compétition pour le leadership régional. La seule façon pour les dirigeants régionaux de mettre fin à cette crise actuelle est de trouver « des voies de dialogue compatibles et de gérer judicieusement les différends historiquement chargés », estime l’universitaire.