Les confidences du roi Hassan II sur l’Algérie refont surface
Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, révèle une rencontre entre feu Hassan II et l’ancien président français, le général Charles de Gaulle, au sujet des relations entre le Maroc et l’Algérie.
Les différents paradoxes qui marquent les relations maroco-algériennes, notamment le soutien du Maroc à l’Armée de libération nationale (ALN) anciennement basée dans la région orientale du royaume qui s’est retournée contre cette dernière à l’aube de l’indépendance algérienne, ont été au cœur du dernier épisode de le podcast d’Alain Juillet et Claude Medori intitulé « L’énigme algérienne » avec en invité Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger. Ce dernier a révélé avoir découvert une interview entre le président français De Gaulle (1944-1946 ; 1959-1969) et le roi du Maroc Hassan II. « Dans cet entretien qui a eu lieu en avril 1962 – après la signature des accords d’Evian et avant l’indépendance de l’Algérie – de Gaulle interroge le roi du Maroc sur ce paradoxe (…) et Hassan II lui répond : l’Algérie va être le cancer de l’Afrique”, dit l’auteur de “Evian face à l’étranger”, livre d’histoire rédigé à partir des archives du Quai d’Orsay sur les accords d’Evian vus par l’étranger et notamment par les ambassades françaises.
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« Hassan II s’excuse en quelque sorte d’avoir soutenu l’Algérie indépendante et d’avoir soutenu et abrité cette armée frontalière en expliquant : nous sommes musulmans, nous avons tous deux été colonisés par la France, ce sont nos frères, nous les avons aidés, mais je suis bien conscient que ce sera désormais un problème pour nous », commente l’ambassadeur de France à Alger de 2008 à 2012 et de 2017 à 2020. Alain Juillet le répète : « Les soldats de l’extérieur ont pris le pouvoir et c’est avec le pays qui les avait aidés que c’est surtout qu’ils ont eu des ennuis. Le diplomate français a répondu : « C’est étonnant et cela dure depuis les années 1950. »
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La question du Sahara et la volonté algérienne d’accéder à l’Atlantique reviennent dans l’entretien. Les ambitions algériennes ne s’arrêtent pas là, estime Driencourt, ajoutant qu’elles vont jusqu’à “avoir un territoire (au sud du Maroc, NDLR) qu’elles contrôleraient à travers un gouvernement ami”. Selon le diplomate français, feu Hassan II avait demandé à De Gaulle « de rectifier les frontières au profit du Maroc tant que l’Algérie sera encore française, donc avant juillet 1962 ». “Entre avril et juillet 1962, il lui a dit que la carte de l’Algérie nous avait fait du tort et qu’il fallait rectifier les frontières de ce territoire qui est un territoire français jusqu’en juillet et qu’il fallait restituer une partie du Sahara”, a-t-il ajouté.