Pourquoi les footballeurs binationaux choisissent-ils le Maroc plutôt que l’Europe ?
Bon nombre de joueurs belgo-marocains et néerlando-marocains ne participent pas à l’Euro 2024 avec les sélections belges et néerlandaises. Et pour cause, ils ont choisi le Maroc comme nationalité sportive au détriment de la Belgique et des Pays-Bas. Parmi eux figurent Couhaib Driouech, star néerlando-marocaine de l’équipe marocaine des moins de 23 ans, Adnan al-Boujoufi, qui a joué pour les Pays-Bas des moins de 15 ans, et le prodige belgo-marocain de 13 ans Ilyes Bennane, écrit Le nouvel arabe. Plusieurs facteurs expliquent l’intérêt des jeunes Marocains pour leur pays d’origine. “Si vous faites ici la moindre erreur, sachant que vous êtes d’origine marocaine, vous êtes victime de critiques exagérées, contrairement aux Néerlandais qui ont une plus grande marge d’erreur”, a expliqué Hakim Ziyech dans un entretien accordé à un média. En 2015, il a préféré rejoindre l’équipe des Lions de l’Atlas plutôt que de jouer pour les Pays-Bas. Situation similaire en Belgique. Dans une interview avec le RTBFLe Belgo-Marocain Khalid Zinbi, recruteur pour les équipes de jeunes belges, a affirmé que les joueurs d’origine marocaine sont souvent méprisés car ils ont tendance à être « plus petits, plus minces, plus techniques, ils ont un physique moins imposant » que les entraîneurs ne privilégient pas au moment de constituer une équipe. C’est pourquoi, « beaucoup de joueurs pensent qu’il y a une « xénophobie footballistique » pour ce type de formation. Donc dès qu’ils ont une porte de sortie, la possibilité de représenter un autre pays, ils font ce choix », a-t-il ajouté.
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Les journalistes sportifs néerlandais Nordin Ghouddani et Thomas Rijsman ont abordé le sujet dans leur livre de 2020 « Fierté marocaine », interviewant deux douzaines de Néerlandais-Marocains liés au football néerlandais sur leurs expériences. “La tendance était qu’en tant que Marocain, on était déjà mené 1-0, surtout au centre de formation… il faut être trois fois meilleur que son concurrent, sinon on ne joue pas”, a-t-il déclaré.
Ghouddani néerlando-marocain lors de la publication de l’ouvrage. “Ce que nous vivons dans la société, les Marocains le vivent aussi dans le monde du football”, a-t-il ajouté, faisant référence aux discriminations subies par la communauté marocaine aux Pays-Bas. Le leader d’extrême droite néerlandais Geert Wilders, chef du Parti de la liberté (PVV), qui a qualifié les immigrés marocains de « racailles » et s’est engagé à interdire l’immigration musulmane aux Pays-Bas s’il était élu, a connu une percée historique lors des élections générales et des élections européennes. En Belgique, le parti d’extrême droite Vlaams Belang n’a pas remporté les élections, mais le sentiment anti-marocain est répandu dans le pays. Aux Pays-Bas comme en Belgique, « les Marocains souffrent depuis longtemps de discriminations à l’emploi et de taux plus élevés de profilage racial et de brutalités policières que leurs homologues blancs – ce qui impacte leur sentiment de fierté ou d’appartenance à ces pays », analyse Shahla Omar, ancienne journaliste et rédacteur en chef du New Arab.