Un kinésithérapeute français peine à faire reconnaître son diplôme malgré ses qualifications à l’étranger
Elle raconte sa frustration de ne pas pouvoir exercer en raison d’obstacles administratifs « cauchemardesques ». « Je suis française, imaginez si j’étais étrangère », dit-elle.
Une Française raconte qu’elle est confrontée à un cauchemar administratif pour obtenir le droit de travailler comme physiothérapeute en France, malgré ses qualifications et son expérience de deux ans en Nouvelle-Zélande.
La France n’autorisera pas Catherine Le Gourvenec-Gleize-Bourras à exercer car elle ne reconnaît pas son diplôme non européen – de l’Université d’Auckland – une situation qu’elle qualifie d’« abominable » face aux déserts médicaux et à la pénurie de kinésithérapeutes en France.
Elle considère que son diplôme néo-zélandais, basé sur l’application pratique plutôt que sur l’apprentissage d’informations par cœur, est « 100 fois meilleur » que son équivalent belge ou français.
« Intentionnellement irritant » ou « extrêmement ignorant »
En raison de la situation, elle a dû suivre une deuxième formation en physiothérapie en Belgique pour un coût d’environ 10 000 ou 12 000 € – mais elle ne peut toujours pas exercer.
C’est parce qu’elle n’a « que » 400 heures de stage avec son diplôme belge alors qu’elle en a effectué 1.200 en Nouvelle-Zélande et 400 au Qatar.
Mais elle dit avoir enfin bon espoir, deux ans et demi après son arrivée en France, d’être officiellement reconnue grâce au soutien des habitants, des maires et de sa préfecture.
Dans sa région, autour de Gorses (Lot), elle explique : « environ 70 patients ont des prescriptions médicales et doivent consulter un kiné mais ne le peuvent pas. »
« C’est n’importe quoi. Je vis dans un désert médical, il y a 3 000 personnes qui n’ont pas facilement accès à un kiné, j’ai deux diplômes différents et on me dit qu’il faut que j’attende quatre mois pour savoir si je peux être reconnue. »
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« Je suis française, imaginez si j’étais étrangère », dit-elle. « Si je n’avais pas acheté une maison ici, je serais retournée en Nouvelle-Zélande sans hésiter. »
« Soit l’administration est intentionnellement irritante, soit elle ignore totalement l’urgence de la situation. »
Déménager en France avec un diplôme néo-zélandais
Elle a quitté la France avec son mari, pilote d’hélicoptère offshore, il y a une vingtaine d’années. Elle a d’abord travaillé dans un cabinet de physiothérapie au Qatar, avant de s’installer en Nouvelle-Zélande, où, grâce à ses origines, elle a étudié – et obtenu – le diplôme de physiothérapeute.
La famille a décidé de revenir en France après la pandémie de Covid. Durant cette période, Mme Le Gourvenec-Gleize-Bourras a dû passer 18 mois avec ses deux jeunes filles mais sans son mari. Pilote d’hélicoptère off-shore, il n’était pas résident de Nouvelle-Zélande et ne pouvait donc pas rentrer en raison des restrictions aux frontières liées au Covid-19.
Pour éviter que cela ne se reproduise, ils ont décidé d’acheter une maison dans la campagne française, en s’installant dans le nord du Lot (Occitanie) où ils ont acheté deux maisons : une prête à emménager et une autre à rénover, qu’ils ont transformée en bureau pour son cabinet de physiothérapie.
Le cabinet de physiothérapie le plus proche est à 16 kilomètres et dispose d’une liste d’attente pour les nouveaux clients.
Lors de sa demande de licence de physiothérapeute, on lui a dit que son diplôme n’était pas reconnu en France, bien qu’il soit reconnu au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie, en Irlande et en Suisse, pour ne citer que quelques pays,
Ne voulant pas passer deux ans supplémentaires à étudier, comme cela aurait été le cas dans une université française, elle s’est tournée vers l’université de Liège en Belgique, qui lui a permis de terminer son cursus en un an seulement. En février dernier, elle a reçu son nouveau diplôme.
« Pas limité à la physiothérapie »
Elle a ensuite déposé sa candidature à l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes avec son diplôme européen. Des mois plus tard, on lui a annoncé que sa candidature n’avait pas été retenue en raison des horaires de stage et qu’elle ne pouvait toujours pas exercer.
« Ce n’est pas seulement un problème pour la physiothérapie. C’est pareil pour toutes les filières médicales : si vous n’avez pas étudié en France, c’est presque fini », a-t-elle déclaré.
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« Dans notre région, il y a un médecin lituanien et, je crois, un médecin polonais qui essaient aussi de faire reconnaître leur diplôme mais qui n’y parviennent pas. Cela signifie que nous n’avons pas de médecin à moins de 10 kilomètres de notre ville, pour 3 000 patients. »
Le centre Enic-Naric France, qui fait partie d’un réseau européen de centres Enic-Naric, est l’organisme qui s’occupe de la reconnaissance des diplômes étrangers en France et qui accompagne les particuliers dans la reconnaissance de leur diplôme. Vous pouvez en savoir plus ici.