Le côté obscur de la location saisonnière au Maroc
Les propriétaires de ces appartements évoquent souvent le « manque de soin » de certains locataires quant à la propreté ou l’organisation des meubles et des ustensiles. Ils sont parfois obligés de recourir à des services de nettoyage professionnels avant de relouer à d’autres personnes. Cette situation est principalement liée à « l’absence de contrat écrit entre les deux parties ». « Il y a une différence dans la façon dont les vacanciers perçoivent la location de maisons pendant l’été, notamment, et il y a une différence dans la façon dont chaque individu traite l’appartement qu’il loue pour une période déterminée à la recherche de tourisme et de détente dans une région géographique donnée ; les individus, en fin de compte, ne sont pas égaux en termes de comportement et de mentalité », a déclaré Mohamed, propriétaire de maisons à louer à Tanger HespressIl a ajouté : « Certains des problèmes que nous rencontrons dans ce contexte sont que les particuliers et les familles pensent que louer une maison signifie qu’ils ont la liberté de gérer son contenu et son mobilier comme ils le souhaitent, et c’est une erreur car la maison reste en fin de compte la propriété privée de son propriétaire, que le locataire doit traiter de manière appropriée pendant la période de location. »
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« Parfois, le propriétaire doit apporter des retouches mineures à la maison après son évacuation, tandis que parfois, il doit faire appel à des professionnels du nettoyage en raison du niveau de saleté dans la maison », a expliqué Mohamed. Selon lui, cette problématique est également liée à la nature de l’accord entre le propriétaire et le locataire potentiel, où parfois l’accord est purement verbal, alors qu’il serait possible de formaliser des contrats pour protéger les intérêts de chaque partie. « La règle de base dans ce contexte est que les individus sont (divers comme des pierres et des briques), comme on dit, et il y a effectivement des groupes qui développent des problèmes avec les propriétaires en raison de l’état dans lequel peut se trouver le lieu loué à un moment donné, mais au final, cela reste relatif et lié à des cas particuliers », a ajouté Khalid, également propriétaire d’une maison à Tanger, au même site. Selon lui, cette problématique « est prise en compte par les propriétaires d’appartements qui recherchent des familles spécifiques en qui ils ont confiance et évitent de louer à des personnes seules, par exemple, afin d’éviter tout problème qui pourrait survenir après la fin de la période de location, notamment en ce qui concerne la propreté et le bon traitement des meubles ». Il a ajouté : « Le problème est principalement lié aux perceptions des familles et des citoyens concernant la location d’un appartement ou d’un lieu pour une période déterminée. »
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De leur côté, les psychologues évoquent plusieurs facteurs, dont le sentiment de possession totale de l’espace et le manque de considération de l’aspect moral dans cette transaction, qui n’implique que deux parties. « La location d’appartements est, en définitive, une transaction commerciale qui doit également être soumise à deux éléments importants : le premier est celui des contrats qui encadrent la transaction, comme c’est le cas pour les hôtels, et le second concerne l’aspect moral qui implique la nécessité d’assumer ses responsabilités et d’en tenir compte », explique Mohssine Benzakour, docteur en psychologie sociale. Selon lui, ce type de comportement est lié à la manière de traiter tout ce qui n’est pas une propriété privée, comme on peut le constater dans les bus publics, les rues et les jardins, où il y a un manque de considération pour la continuité et la durabilité. « Évoquer la vengeance comme explication de ce qui pourrait nuire à la maison n’est pas correct, car ceux qui utilisent cette méthode ne se vengent que d’eux-mêmes, car nuire à la propriété privée renvoie à un comportement lâche », estime le spécialiste. Il pointe du doigt « un déséquilibre au niveau conceptuel, éthique et moral, et un manque de civilité dans un certain groupe, sans généraliser bien sûr, d’autant plus que nous observons des comportements similaires dans notre environnement public ». En conséquence, « nous souffrons au niveau du comportement collectif et nous n’avons pas encore évolué vers la conscience d’un sens commun, où la réflexion reste centrée sur soi ».
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Benzakour évoque également un autre problème : « Le Maroc manque d’une stratégie claire pour le tourisme familial, car l’augmentation des prix des hôtels, l’absence de tarifs symboliques et l’absence de contrats d’entrée et de sortie pour les appartements contribuent au sentiment d’injustice chez les consommateurs, ce qui ne justifie en rien de telles actions. En principe, le comportement envers la maison ou l’appartement loué doit être approprié ».