
Ses parents accusent la Fédération
Les parents de Medhi Narjissi vivent un deuil difficile. Emporté par les forts courants de la plage de Diaz, près du cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, le 7 août dernier, alors que les joueurs étaient en séance de récupération, le jeune joueur du Stade Toulousain n’a pas donné signe de vie et son corps n’a jamais été retrouvé. Jusqu’à présent, les recherches intensives mises en place par les autorités locales se sont révélées infructueuses. Après des heures d’interrogatoire au commissariat d’Agen, Jalil, le père du rugbyman français, Valérie, sa mère et Inès Narjissi, sa sœur aînée, se sont exprimés pour la première fois sur l’affaire lors d’une conférence de presse. Ils ont fait part de leur déception. “Tous les matins, on survit, tous les trois. C’est indescriptible la douleur qu’on peut avoir quand on perd un enfant. Et ça n’aurait jamais dû arriver, surtout pas dans ces conditions”, confie Valérie. Son mari confie : “Il était 17h59 quand il (Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby, ndlr) a dit qu’il y avait eu un accident et que Medhi avait été emporté par une vague. Et puis tout s’est arrêté.”
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Le père connaît Diaz Beach : « C’est l’une des plages les plus dangereuses d’Afrique, avec des vagues énormes, des courants qui vous emportent et emportent le sable sous vos pieds. Je suis allé dans l’eau là-bas, c’est inimaginable. (…) Il y a des vagues de 4 m toutes les cinq secondes, ce n’est pas possible d’y mettre des enfants. » Il tient Rémy Ladauge, le préparateur physique, pour le premier responsable du drame. « C’est lui qui a pris la décision de mettre les enfants à l’eau, de sa propre initiative, selon le rapport que j’ai eu avec les inspecteurs sud-africains. Il était seul dans l’eau, en combinaison néoprène. Nos enfants étaient en sous-vêtements », soupire Jalil Narjissi. Il exprime son incompréhension : « Je n’arrive pas à comprendre ce qui lui est passé par la tête. » Le père de Medhi Narjissi estime que cette incursion dans l’eau était planifiée. « Le préparateur physique avait une bouée, sa tenue en néoprène, ce n’était pas pour rester sur le sable », dit-il.
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Jalil pointe aussi du doigt la responsabilité des membres de l’encadrement. « Il y avait douze surveillants au total, dont huit sur la plage. Quand le responsable est arrivé, il aurait enlevé son t-shirt pour les rejoindre. Personne n’a dit stop pourquoi le responsable, même s’il n’était pas au courant, quand il a vu les enfants dans l’eau, ne leur a pas ordonné de sortir de l’eau ? », s’agace-t-il. La mère de Medhi affirme : « On a confié notre enfant de 17 ans à une institution, l’élite. Son maillot, mon fils, il l’a embrassé, il en était tellement fier. S’ils veulent faire quelque chose d’extraordinaire, qu’ils le fassent, mais pas avec nos enfants. » Elle s’étonne que le personnel présent ne se soit pas rendu compte qu’ils encadraient des enfants. « Ce sont des joueurs qui vivent quelque chose de fou, dans l’élite. Qui va dire non à aller dans l’eau si on le lui demande ? Pas notre fils. Il voulait être le meilleur. Du coup, il a écouté un adulte qui a mené à sa mort », raisonne-t-elle. Son mari a également tenu à saluer le courage d’Oscar, le coéquipier et meilleur ami de son fils. « Tous les enfants regardaient au loin deux silhouettes en difficulté. Seul Oscar, son coéquipier et meilleur ami, a tenté de le sortir de l’eau. Il lui a fallu plus de 20 minutes », s’étrangle Jalil. « C’est notre héros même s’il n’est pas revenu, c’est le seul qui a tenté de le sauver », ajoute Valérie.
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Après avoir déposé plainte en début de semaine dernière auprès du parquet d’Agen, où ils résident, les Narjissi veulent « des réponses, des coupables ». Ils attendent que les responsables « soient avant tout punis. Ils sont tous responsables. Il faut qu’ils parlent, qu’ils expliquent pourquoi ils n’ont pas réagi. En donnant leur caution, ils sont coupables », insiste Jalil. Il espère qu’une information judiciaire sera ouverte.