
la langue française en question ?
Le débat sur l’abandon du français au profit de l’anglais revient chaque année avant la rentrée scolaire. Selon Said Bennis, universitaire et expert en sciences sociales, le français « n’est pas une langue scolaire et le passage à l’anglais est une nécessité fonctionnelle ». Dans une déclaration à HespressIl a souligné que des pays comme la Corée ou la Finlande, qui ont réussi cette transition vers l’anglais, « ont vécu une période historique importante appelée traduction positive ». Durant cette période, « tout ce qui est écrit en anglais est traduit dans la langue nationale ou officielle, et grâce à cette traduction, la langue nationale officielle du pays devient une langue scolaire après avoir été une langue d’enseignement », a-t-il expliqué.
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L’expert a ensuite mis en avant les fonctions “identitaires et fonctionnelles” de la langue. “Au Maroc, nous sommes confrontés à la question de savoir comment passer des langues identitaires aux langues fonctionnelles”, a-t-il ajouté, soulignant que l’arabe et l’amazigh sont les langues identitaires et officielles du royaume, mais “ne sont pas des langues fonctionnelles”. Bennis a exprimé son étonnement de voir les mathématiques, la physique et la chimie enseignées en français au Maroc, alors que cette langue “n’est pas une langue fonctionnelle, mais une langue identitaire” en France. “Comment se fait-il que dans son propre pays, c’est une langue identitaire et qu’elle devienne une langue fonctionnelle dans notre pays ?”, s’est-il interrogé.
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Selon lui, la transition du français vers l’anglais comme première langue étrangère dans les écoles et universités marocaines est indispensable. La transition est “une nécessité urgente et pressante, surtout si l’on tient compte de la politique linguistique de la République française concernant la langue fonctionnelle pour la recherche scientifique et l’université, ayant choisi d’ancrer l’anglais comme langue de communication et de rédaction scientifique au niveau national et international”, a-t-il commenté, précisant que le choix de l’anglais permettrait d’accroître “la compétitivité des deux langues officielles du Royaume du Maroc, l’arabe et l’amazigh, à travers une action positive de traduction (…) pour les préparer à jouer des rôles fonctionnels”.
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Abdallah Yousfi, président de l’Association marocaine des professeurs d’anglais, a estimé que l’adoption du français comme langue étrangère au Maroc a une «justification coloniale d’abord, et une justification idéologique francophone ensuite». Selon lui, l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux a contribué à renforcer la présence de l’anglais dans le monde. Mais la transition du français vers l’anglais ne résoudra pas le problème de la qualité de l’enseignement au Maroc, estime-t-il, affirmant que «la langue et la culture françaises resteront, même à moyen terme, présentes dans la société marocaine» et que l’anglais est perçu comme une «langue d’accompagnement du développement scientifique et technologique, de la communication et des échanges culturels, économiques et diplomatiques».