Une femme d’affaires italienne écrase à mort un Marocain
Ce qui avait commencé comme un vol s’est transformé en tragédie. Dans une vidéo de vidéosurveillance diffusée par les médias locaux, on voit Nourdine Naziki, un ressortissant marocain de 52 ans, passer devant une boutique lorsque le véhicule (un SUV Mercedes) de la femme d’affaires Cinzia Dal Pino, 65 ans, apparaît soudainement et le percute à grande vitesse. La voiture fait alors marche arrière et avance quatre fois avant que Dal Pino – chaussée de talons hauts – ne soit vue en train de sortir calmement de sa voiture, de ramasser son sac et de s’éloigner. Alertés, les ambulanciers arrivent sur les lieux. Naziki a été transporté d’urgence à l’hôpital mais a succombé à ses blessures. Dal Pino, une personnalité mondaine bien connue de la ville côtière italienne de Viareggio, venait de se faire justice elle-même. Quelques minutes plus tôt, l’homme marocain lui avait volé son sac à travers la fenêtre ouverte de sa voiture.
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Dal Pino a été arrêtée, placée en détention pour suspicion d’homicide involontaire, puis libérée et assignée à résidence. Lors de son interrogatoire, elle a avoué à la police qu’elle avait poursuivi son agresseur uniquement parce qu’elle voulait récupérer son sac, qui contenait ses clés de maison, son téléphone et ses documents personnels. « Il a menacé de me tuer avec un couteau. J’avais peur. Je ne voulais pas le tuer, je voulais juste récupérer mes affaires. Il y avait des documents importants dans mon sac et je ne pouvais pas appeler la police parce que mon téléphone était dedans », a-t-elle déclaré à la police. Cependant, les enquêteurs ont révélé plus tard qu’aucun couteau n’avait été retrouvé sur Naziki.
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Son avocat, Enrico Marzaduri, remet en cause la vidéo diffusée par la presse locale et défend son client : « De l’autopsie, je comprends que c’est certainement l’impact initial qui s’est avéré mortel et qu’il n’y a pas de traces de pneus sur le corps. (…) Elle a juste voulu l’arrêter et a visé ses jambes. Elle souffre de ce qu’elle a fait et éprouve des remords pour ce qui s’est passé. » Mais la scène a choqué l’archevêque local, Mgr Paolo Giulietti : « En plus de la légitime défense, la vidéo montre un comportement étonnant. » « Comment peut-on rouler plusieurs fois sur le corps d’une personne avec sa voiture ? Comment peut-on penser qu’une femme calme et estimée, une entrepreneuse compétente, puisse faire un tel acte ? », s’interroge le dignitaire religieux.
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Il déplore : « Le mal gagne quand il nous rend mauvais : ceux qui se réjouissent parce que cet épisode serait un épisode de légitime défense démontrent comment le mal gagne. Et il ajoute : « Je dis, ne nous réjouissons pas, ce n’est pas de la légitime défense, et ce n’est pas de la justice. Rien, absolument rien ne peut justifier un meurtre. Non seulement parce que nous vivons dans un État de droit, mais aussi parce que chaque personne, quelle que soit la situation dans laquelle elle se trouve, a le droit de vivre. » Sur Facebook, le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini ne partage pas cet avis. « Cette tragédie est la conséquence d’un crime. Si l’homme qui a perdu la vie n’avait pas été un criminel, cela ne serait pas arrivé », écrit-il.
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De son côté, la famille de Naziki a exprimé son incompréhension. « Même un animal n’a pas été tué comme notre frère. Nous exigeons que la femme soit renvoyée en prison. (…) C’était un homme bon et nous voulons que justice soit rendue. Tous ceux qui le connaissent vous le diront. Elle l’a frappé à quatre reprises et s’est tranquillement enfuie alors qu’il était en train de mourir, sans même demander de l’aide », a-t-elle déclaré dans une interview, réclamant « justice » pour la victime.