Kenza, une domestique torturée : le jugement suscite l’indignation
Des défenseurs des droits humains critiquent le verdict rendu par le tribunal de première instance de la ville de Benslimane dans l’affaire de Kenza, la femme de ménage de 27 ans de Sidi Hajjaj à Settat, qui accusait ses employés de l’avoir exploitée, torturée et réduite en esclavage.
Reconnu coupable d’usurpation d’identité et de coups et blessures, l’employeur de Kenza a été condamné à trois ans de prison tandis que son mari a été condamné à deux ans de prison et acquitté de l’accusation d’usurpation d’identité. Un jugement critiqué par les militants des droits de la personne.
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« La sentence prononcée par la justice dans cette affaire ne permettra pas de rendre à l’employée Kenza ce qu’elle a perdu ni de panser les blessures psychologiques qu’elle a subies. (…) nous ne sommes malheureusement toujours pas en mesure d’évaluer correctement les dommages psychologiques dans des cas similaires », a déclaré à Hespress Fatiha Chtatou, avocate et militante des droits de l’homme. Selon elle, « cette affaire aurait dû être effectivement requalifiée en traite d’êtres humains, car il s’agit d’une exploitation d’une victime vulnérable de manière inacceptable, tant moralement que juridiquement ».
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Chtatou a ajouté : « L’appel dans cette affaire concernant l’employée de maison Kenza doit être initié par sa défense afin d’obtenir une peine plus sévère en appel, et la victime a besoin d’un soutien psychologique tout au long de cette période. » Bouchra Abdou, militante des droits humains et présidente de l’Association Tahadi pour l’égalité et la citoyenneté (ATEC), abonde dans le même sens : « La justice est en principe indépendante, mais nous considérons que ce jugement contre les agresseurs de l’employée Kenza est insuffisant et peu dissuasif. » Elle réclame également l’application de la loi 19.12 relative à la réglementation des conditions de travail et d’emploi des employés de maison. Son association entend le faire et n’exclut pas la possibilité de se constituer partie civile pour faire appel du jugement.