« J’ai pleuré presque tous les soirs après l’entraînement »
« C’est un titre qui m’a apporté beaucoup de plaisir et de fierté. Avec les JO, les gens me connaissent et me soutiennent un peu plus. Évidemment, cela donne confiance et donne envie de travailler pour aller chercher d’autres titres comme celui-là », a confié le jeune joueur Sofoot. Et d’ajouter : « C’est la première médaille du pays en sport collectif, donc les gens étaient vraiment contents de nous voir, de nous célébrer. On a fait quelque chose d’historique. Ça n’arrive pas à tout le monde. Même si c’est le rêve de tout athlète, je n’aurais honnêtement jamais imaginé être aux JO. Ce n’était pas prévu. »
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Né à Casablanca, Oussama a intégré l’académie Mohammed VI à l’âge de 10 ans. « Quand je suis arrivé, j’étais un bébé et je ne suis parti qu’à 18 ans. Huit ans, c’est long, et ça m’a complètement changé. Je me suis retrouvé, à 10 ans, à vivre loin de ma famille, et c’était très compliqué. J’étais le plus jeune du centre, je pleurais presque tous les soirs après l’entraînement. J’ai fini par m’y habituer, mais, surtout, je suis devenu un vrai joueur de football, notamment grâce à Nasser Larguet, qui était directeur technique. Avant d’aller à l’académie, j’étais un joueur de rue, technique. Je dribblais beaucoup, sans savoir exactement ce que demandait le jeu. Je jouais pour jouer, vous savez. Ce n’est qu’à l’académie qu’ils m’ont structuré, et j’ai même un peu changé de style. »
Le milieu de terrain évoque aussi comment il s’est retrouvé à l’Olympique de Marseille à seulement 17 ans. « Chaque année, on faisait une tournée en France et un jour, on jouait contre l’OM, qui envoyait alors une demande au centre de formation pour que je vienne faire un test. J’y suis allé une semaine, j’ai même fait une séance avec les pros et Villas-Boas. Et ça a marché. Il y avait d’autres clubs qui étaient intéressés, en Espagne et en France, mais quand l’OM vient… On ne peut pas refuser. Au Maroc, l’OM est fou. Il faut d’abord se remettre dans le contexte. Sur le terrain, j’arrive, il y a Dimitri Payet, Steve Mandanda, Bouba Kamara… Une semaine avant, je jouais avec ces joueurs-là », raconte Oussama, évoquant ses difficultés d’intégration car il ne parlait pas français et ne connaissait personne. « Heureusement, Nasser Larguet était à l’OM et il m’a beaucoup aidé. Il m’a trouvé des rendez-vous pour des appartements, il m’a déposé, il m’a accompagné pour récupérer ma carte bancaire, mes papiers… »
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Le Lionceau de l’Atlas avoue avoir progressé rapidement grâce à l’aide précieuse de Jorge Sampaoli. « J’ai travaillé tous les détails : l’orientation du corps, le jeu positionnel, l’orientation du premier contact, la nécessité de donner le ballon au pied droit de son coéquipier pour ne pas perdre de temps… Avec Sampaoli, j’ai compris le sens de chaque action, de chaque geste, le rythme,… le contre-pressing, la capacité à récupérer rapidement après une perte. Avant lui, c’était comme si j’étais un footballeur à 50%. Il m’a donné les 50% manquants en un an. »
En difficulté à Marseille après son retour de prêt d’Alanyaspor en Turquie, Oussama a finalement accepté de revenir en prêt au Havre qui souhaitait s’attacher ses services. “Le Havre m’a fait une proposition intéressante et ce dont j’avais besoin : de la stabilité, dans un environnement sain, où les jeunes sont pris en charge et où ils ont un endroit pour progresser”. Depuis sa blessure contractée l’an dernier (rupture du tendon du droit fémoral) dont il se remet, le jeune joueur travaille avec un préparateur mental pour “apprendre à protéger ma bulle, à ne pas trop m’éparpiller”. “J’ai travaillé pour ne plus avoir peur de tirer, car c’est sur un tir à l’échauffement que je me suis blessé l’an dernier par exemple. Aujourd’hui, c’est réglé, et ma seule envie est de jouer une saison complète au Havre, en Ligue 1. Je ne veux pas précipiter les choses”.