
Les épopées Renault 12 et Peugeot 504, symboles d’un retour à la campagne
« Ce sont deux modèles de véhicules totalement emblématiques et ce sont deux voitures qui portent des histoires. Ce sont d’excellentes machines à histoires. C’est une sorte de détournement, c’est-à-dire que je considère l’automobile comme faisant partie de notre patrimoine, de notre patrimoine industriel. Et dès qu’on s’intéresse aux personnes qui se trouvaient à l’intérieur de ces voitures, alors cela devient un patrimoine extrêmement émouvant”, explique Mohamed El Khatib dans un entretien à Radio-France en marge de la célébration de la 90ème édition du Mondial de l’Auto à Paris.
Selon le réalisateur, ces deux modèles ont été d’une grande utilité dans le retour à la campagne des Maghrébins : « La R12 et la 504 ont la force de nous relier avec l’autre côté de la Méditerranée. Ils constituaient le lien entre les deux rives de la Méditerranée. Dans les années 1970 et 1980, ils ont permis à des milliers de familles de traverser la France, de traverser une partie de l’Europe et de rejoindre leurs familles au Maghreb.
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C’étaient des modèles très pratiques compte tenu de leurs caractéristiques. « La particularité de ces voitures est qu’elles étaient dotées d’un essieu extrêmement solide. Ce sont des modèles extrêmement robustes et on pourrait donc les charger, les surcharger, explique El Khatib. D’ailleurs, c’est assez drôle quand on entend parler Robert Broyer, l’inventeur de la R12. Il vous raconte : « Mais je n’avais pas anticipé, car les constructeurs m’avaient dit de faire en sorte qu’on puisse mettre deux ou trois valises maximum, à l’arrière. Et je n’imaginais pas un seul instant que les gens allaient mettre des barres de toit et poser une dizaine de valises… sur la voiture ! »
Ces voitures présentent cependant des dangers. « Ils étaient indestructibles, ils étaient surchargés. Il s’agissait donc d’une « Tour de Babel sur roues » avec tous les risques que cela comportait. C’est à dire qu’en cas d’endormissement ou de mauvais freinage, c’est toute une famille qui se retournerait. C’était extrêmement dangereux et en même temps, il y avait quelque chose de très joyeux. Ces objets kitsch, ces espèces de cathédrales mouvantes, des hordes comme celle qui partent à l’assaut de la route, c’était extrêmement beau à voir”, explique le réalisateur du film “Renault 12” et du documentaire “504” diffusé sur France.tv. .
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La R12 et la 64 restent célébrées comme des icônes, mais le temps des fameux voyages estivaux des « voitures cathédrales » est révolu. Aujourd’hui, les jeunes n’ont plus la possibilité de vivre ces épopées. « Aujourd’hui, vous prenez l’avion et dans deux heures, vous êtes au Maroc ou en Algérie. Il y a des hôtels sur la route, les voitures sont climatisées. On ne vit plus cette expérience unique de plusieurs jours dans le vertige. Et quelque part, ces voyages unissaient la famille et faisaient partie de l’histoire familiale. Aujourd’hui, c’est fini. Et de poursuivre : « Et les rapports s’inversent donc. Dans le documentaire, une des femmes dit en effet : “Avant, on allait faire l’aumône en Algérie. Maintenant, j’achète des choses en Algérie et je les ramène en France”, et elle conclut que “l’Algérie est devenue la France et la France”. est devenue l’Algérie.