Maroc-Brésil : Plus qu’un partenariat outre-Atlantique
Économie, diplomatie, tourisme : autant de domaines où chacun trouve dans l’autre un allié à la mesure de ses ambitions, comme un jeu de miroirs. Les liens se renforcent et tissent un pont sur l’Atlantique Sud où les distances se dissipent, baigné dans la clarté d’un dialogue stratégique.
« C’est précisément l’enjeu clé de ce partenariat florissant : notre atlantisme partagé, un trait qui définit notre essence commune et dessine les contours d’un destin prometteur », souligne le politologue brésilien Fábio de Queiroz, dans un entretien à la MAP.
« La construction d’une identité atlantique comme un atout puissant, affirme-t-il, doit être mieux comprise et exploitée », pour transformer la côte atlantique en un carrefour de communion humaine, un pôle d’intégration économique et un foyer d’échanges continentaux et internationaux. comme souhaité par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Un partenariat enrichissant
Les relations Maroc-Brésil, deux acteurs influents dans leurs régions respectives, s’épanouissent grâce à une confiance cultivée dans le respect mutuel, une vision partagée : celle d’un ordre international équilibré, d’une gouvernance plus globale. une coopération Sud-Sud juste et toujours plus ambitieuse.
Aux yeux des Brésiliens, le Maroc est « un partenaire solide, une porte d’entrée vers l’Afrique ». Si les liens étaient déjà forts sous l’ère Bolsonaro, ils se renforcent encore avec Lula, défenseur du multilatéralisme et du Sud global. Depuis son retour, le président brésilien s’efforce de positionner son pays comme un acteur majeur. Et le Maroc investit dans un avenir où le Brésil aura son mot à dire. Aussi, le géant sud-américain est l’un des piliers des BRICS ou du G20.
Dans les coulisses de la diplomatie, les échanges ont été d’une rare intensité. Mi-mai, Rabat et Brasilia ont exprimé une « parfaite convergence de vues » sur de multiples questions régionales et internationales. La rencontre, trois semaines plus tard, entre le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita et son homologue brésilien Mauro Vieira a permis de formaliser un partenariat stratégique multidimensionnel, englobant des secteurs à fort potentiel tels que l’agroalimentaire, l’économie verte et la logistique. En octobre, le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, se rendra au Maroc, illustrant la dynamique renouvelée d’une coopération de plus en plus large.
D’autant que, pour la première fois, le Brésil salue les « efforts sérieux et crédibles » du Maroc pour avancer vers une résolution du différend autour du Sahara, dans le cadre de l’initiative d’autonomie présentée en 2007.
Le cadre juridique sera également renforcé pour inclure des secteurs stratégiques tels que la lutte contre la criminalité transnationale, la défense et l’industrie aéronautique. Et ce n’est pas tout ! La création d’un poste d’attaché militaire à Brasilia consolide un partenariat dans des secteurs où le Brésil excelle.
« Si le partenariat se développe en termes de volume et de qualité, il reste encore un énorme potentiel à exploiter, en capitalisant sur l’importance géostratégique de l’Atlantique », note Fábio de Queiroz, en citant le Rabat-Brasilia comme point de référence.
Ponts d’ailes et d’océans
Sous un ciel enfin libéré de l’ombre de la pandémie, Royal Air Maroc vient de lancer ce mois-ci sa liaison directe Casablanca-Sao Paulo. Cinq ans d’absence, et pourtant, ce n’est pas qu’un nouveau parcours. C’est une invitation à la découverte, au dialogue, un pont entre deux cultures.
L’ouverture, un an plus tôt, d’un bureau de l’Office national marocain du tourisme dans la capitale pauliste avait déjà tracé les contours de cette ambition. Doubler le flux de touristes brésiliens – estimé à 50 000 par an – semble à portée de main. L’objectif est d’attirer l’un des marchés les plus dynamiques au monde. Et au-delà du Brésil, c’est tout un Mercosur, avec près de 300 millions d’âmes, qui s’ouvre.
Sur les flots, une autre ambition se profile : celle d’un commerce florissant. Loin d’être une simple annonce, les préparatifs sont en cours pour un accord d’assistance administrative mutuelle en matière douanière. Par ailleurs, un protocole d’accord entend promouvoir Tanger Med comme hub logistique auprès des opérateurs brésiliens. Au carrefour des principales routes maritimes mondiales, ce port se positionne comme un pont naturel entre le Brésil et l’Europe, la Méditerranée et le Golfe.
D’après les échanges…
L’entreprise se développe chaque mois qui passe. En 2024, de janvier à septembre, les échanges commerciaux ont atteint 2,05 milliards de dollars. Le Royaume affiche un excédent de 197 millions et s’affirme comme un fournisseur stratégique d’engrais pour l’agriculture brésilienne.
Dans le détail, les exportations marocaines vers le Brésil s’élèvent à 1,123 milliard, en hausse de 4,72%. Les engrais minéraux ou chimiques dominent ce flux : 51,19 % pour ceux contenant deux éléments et 34,52 % pour les phosphates. D’autre part, les importations de la plus grande économie d’Amérique latine ont atteint 926 millions (+1,58%), principalement du sucre de canne (69%), du maïs (18,45%) et du bétail (2,17%). %).
Le Forum des affaires Maroc-Brésil, prévu en juillet prochain à Casablanca, s’annonce comme une étape clé dans les relations économiques. L’entrée en vigueur de l’Accord de facilitation des investissements, couplée à la récente visite d’une délégation d’hommes d’affaires brésiliens à Rabat, ouvre déjà la voie à de nouvelles opportunités.
Des deux côtés, Rabat et Brasilia ne se contentent pas de rêver d’un avenir commun, ils le façonnent. La Royal Atlantic Initiative incarne cette vision de la coopération Sud-Sud. Elle prône une transformation de l’Atlantique en un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée face aux défis mondiaux tels que la sécurité alimentaire et le changement climatique. N’est-il pas, en effet, un carrefour stratégique, porteur de solutions durables pour un monde en quête d’équilibre et de stabilité ?