Une étude révèle le fardeau économique alarmant du traitement de la tuberculose en Inde
Des chercheurs du George Institute for Global Health India, en collaboration avec des chercheurs du Indira Gandhi Government Medical College (Nagpur) et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (Royaume-Uni), ont mené une enquête mettant en lumière le fardeau financier énorme auquel sont confrontés les patients atteints de tuberculose (TB) en Inde. Les résultats sont publiés dans PLOS Santé publique mondiale.
Leurs conclusions soulignent l’urgence d’une politique et d’interventions publiques pour alléger ce fardeau qui pèse sur les patients et sur la nation. L’étude a été menée par le Dr Susmita Chatterjee, en collaboration avec Palash Das, Gayatri Bhambure, Radha Munje et Anna Vassall.
L’étude menée dans le cadre de la stratégie de l’Organisation mondiale de la santé pour mettre fin à la tuberculose, qui sert de modèle aux pays pour parvenir à un coût nul pour les ménages touchés par la tuberculose, révèle des statistiques inquiétantes sur le bilan économique de la maladie en Inde. Le pays supportant la plus forte charge de tuberculose au monde, l’incidence signalée a atteint 2,42 millions de cas en 2022.
Les chercheurs du George Institute ont suivi une cohorte de 1 482 patients atteints de tuberculose sensible aux médicaments dans quatre États d’Inde : Assam, Maharashtra, Tamil Nadu et Bengale-Occidental. En s’appuyant sur les directives de l’Organisation mondiale de la santé, l’étude a calculé les coûts de traitement, en intégrant à la fois les coûts directs (c’est-à-dire les sommes réellement dépensées) et indirects tels que le temps, la productivité et la perte de revenus.
S’exprimant sur cette recherche, le Dr Susmita Chatterjee, du George Institute for Global Health India, a déclaré : « En suivant la plus grande cohorte de patients atteints de tuberculose sensible aux médicaments à ce jour, notre étude a conclu qu’une proportion significative de participants à l’étude étaient confrontés à des coûts catastrophiques et que cette proportion était bien plus élevée lorsque la perte de revenus due au traitement de la tuberculose était prise en compte dans la méthode de calcul du coût total. Par conséquent, assurer des moyens de subsistance ininterrompus pendant le traitement de la tuberculose est une nécessité absolue. »
Elle a également ajouté : « Notre étude a montré un délai important entre l’apparition des symptômes et le diagnostic et les participants à notre étude ont dépensé plus de la moitié du coût total du traitement avant même de commencer le traitement. De plus, pendant cette période, ils ont également propagé la maladie. Par conséquent, la réduction du délai avant le diagnostic devrait être la priorité politique. »
Il est choquant de constater que, selon la méthode de calcul des coûts indirects, entre 30 et 61 % des participants à l’étude ont dû faire face à des coûts catastrophiques. Définis comme des dépenses personnelles supérieures à 20 % du revenu annuel du ménage avant la tuberculose, les coûts catastrophiques constituent une menace importante pour la stabilité financière de millions de ménages touchés par la tuberculose dans le pays.
Le fait que pour plus de la moitié des participants qui ont dû faire face à des coûts catastrophiques soit devenu catastrophique avant même le début du traitement contre la tuberculose en raison des retards dans le diagnostic est particulièrement préoccupant. Le délai moyen de 7 à 9 semaines entre l’apparition des symptômes et le début du traitement, soit deux fois le délai accepté, a entraîné des charges financières importantes en raison des consultations répétées, des tests et des frais de déplacement.
Les implications de l’étude sont profondes et appellent à une action immédiate au niveau politique et communautaire. Les interventions du côté de l’offre, comme l’intensification de l’engagement du secteur privé et le diagnostic rapide, sont cruciales, ainsi que les initiatives du côté de la demande, comme les campagnes de sensibilisation communautaire. Il est primordial de remédier au retard de diagnostic grâce à une détection précoce des cas et à un engagement communautaire actif pour réduire les charges économiques.
L’étude préconise également le remboursement des frais de prétraitement par l’assurance maladie, soulignant la nécessité d’une meilleure couverture et d’une meilleure utilisation des services. Des politiques protégeant les patients tuberculeux du chômage et de la perte de revenus sont également impératives pour atténuer les difficultés financières liées à la maladie.
Les résultats de cette étude constituent un appel clair à des efforts concertés de la part des décideurs politiques, des prestataires de soins de santé et des communautés pour alléger le fardeau économique du traitement de la tuberculose en Inde. En mettant en œuvre des stratégies globales, nous pouvons non seulement réduire les difficultés financières des patients, mais aussi nous rapprocher des objectifs ambitieux fixés par la stratégie de lutte contre la tuberculose.
Plus d’information:
Susmita Chatterjee et al., Coûts catastrophiques pour les patients atteints de tuberculose en Inde : impact des choix méthodologiques, PLOS Santé publique mondiale (2024). DOI: 10.1371/journal.pgph.0003078
Fourni par le George Institute for Global Health
Citation:Une étude révèle le fardeau économique alarmant du traitement de la tuberculose en Inde (2024, 3 juillet) récupéré le 3 juillet 2024 à partir de
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