Au Maroc, une randonnée solidaire vire au cauchemar
Vomissements, diarrhées aiguës, convulsions… Ces femmes ont été marquées par le trek 100% féminin, cinq jours de course à pied dans le Sahara au profit de la lutte contre le cancer du sein. Au total, 200 des plus de 800 participants ont été infectés par une bactérie. Il s’agirait d’une infection à E-Coli ou Shigella, deux bactéries qui circulent dans la région depuis plusieurs semaines, rapporte France Inter. 15 d’entre eux ont été hospitalisés au Maroc. Selon les coureurs, les infrastructures sanitaires mises à disposition par Désertours, l’opérateur organisateur du voyage, étaient insuffisantes : 30 toilettes pour environ 900 personnes, personnel compris.
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Sarah Constanzo, 41 ans, est tombée malade au troisième jour de ce déplacement sportif. Il n’y avait aucun médecin pour soigner cette femme qui a survécu à un cancer du sein il y a quelques années. “Ils sont occupés avec d’autres femmes, dans des états plus graves que le leur”, assure-t-elle. Elle décide alors de poursuivre la course pour rentrer au camp. « Comme ça, j’ai fait 19 kilomètres, se souvient Sarah, une épreuve constante. » « Nous avons croisé des filles qui étaient dans un état épouvantable, qui vomissaient, qu’on obligeait à avoir la diarrhée dans les dunes », témoigne-t-elle.
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Elle retourne au camp où la situation se complique. « Nous espérons être évacués, mais rien n’est fait. (…) J’ai vécu 48 heures où on était dans nos vomissures, dans nos crottes, c’était indescriptible”, poursuit Sarah. Elle a 48 heures très compliquées. «Je me sens partir», témoigne-t-elle. « J’ai convulsé au sol pendant plusieurs heures », « et on m’a dit que mon cas n’était pas prioritaire », raconte-t-elle. Elle sera finalement évacuée en ambulance, soit sept heures de route jusqu’à l’hôpital le plus proche, la clinique Tafilalet à Errachidia.
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«C’est un énorme gâchis», regrette Sarah Constanzo. « Nous sommes tous venus motivés, pour vivre un moment qui avait du sens pour nous, que nous avions préparé et qui nous a coûté cher. (…) Tout ça pour vivre parmi les pires jours de mon existence”, poursuit-elle. Mécontente, Karen Lacquit, autre victime de la bactérie et d’autres coureurs comptent poursuivre l’exploitant en justice. « Désertours connaissait l’existence de ces bactéries, après le Trophée Rose des Sables qui était organisé au même endroit quelques jours auparavant », s’indigne Karen Lacquit. De leur côté, les autorités sanitaires marocaines mènent une enquête pour élucider cette affaire. Une information confirmée par l’ambassade de France au Maroc.