
Actualités dans le cas dit d’expulsion de centaines de familles à Tanger
Colère à Tanger après un jugement exigeant l’expulsion de leurs logements des habitants du quartier « Hawmat Chouk » – construit en 1982 et qui compte 5 000 habitants, environ 1 704 maisons. Le 25 octobre 2023, nombreux sont ceux qui ont protesté contre ce jugement devant le tribunal de première instance. « Je vis à Houmat El Chouk depuis 60 ans et j’y ai donné naissance à 9 enfants. J’ai été surprise par cette convocation au tribunal”, a-t-elle déclaré au site. Al-Youm24, une veuve qui risque d’être expulsée si le jugement est exécuté. Selon le coordinateur des familles du quartier, Omar Abrich, les habitants sont venus par milliers au tribunal pour soutenir les familles convoquées. « Ils savent que si une décision d’expulsion est prise, cela ouvrira la porte à d’autres expulsions », explique-t-il. Le jugement fait suite à une plainte de la foncière « Charaf Immobilier » et de ses héritiers.
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Le litige concerne un terrain de 14 hectares, immatriculé sous le numéro 8185/K, propriété de la société « Charaf Immobilier » dont la majorité du capital est contrôlée par un certain Albert Boumendel de confession juive. Après le décès de Mohammed Arbai (une famille nombreuse de Tanger) et d’Allal El Bakhti Taib qui détenaient respectivement 30% et 20% du capital, leurs héritiers ont revendiqué la succession. A ce jour, aucune trace d’Albert Boumandel, ni de ses héritiers. C’est ainsi qu’en 2002, Mohamed Al Ansari, avocat de « Charaf Immobilier » a porté plainte contre la commune urbaine de Tanger l’accusant d’avoir autorisé la construction d’un quartier résidentiel doté de tous les équipements sociaux sur un terrain privé. Après une longue bataille judiciaire, le tribunal a décidé d’indemniser la société immobilière d’un montant d’environ 44 millions de dirhams sur la base de 1.100 dirhams par mètre carré, accompagné de 2,1 millions de Dh à titre d’indemnisation.
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Ce jugement ne sera cependant pas appliqué faute de tenue d’assemblée générale des actionnaires depuis plusieurs années, « Charaf Immobilier » étant une société anonyme gérée, conformément à la loi, par un conseil d’administration. Certains héritiers se tournent alors vers la justice pour régler ce problème. En juillet 2009, le tribunal de commerce de Tanger a nommé Fouad Mouhi, ancien directeur des ressources humaines au ministère de la Justice, commissaire judiciaire chargé de tenir l’assemblée générale en vue de la transformer en société anonyme. Après un report de l’assemblée prévue le 28 septembre 2016 faute de quorum – absence d’Albert Boumandel et de ses héritiers – l’assemblée se tiendra finalement le 19 octobre 2016 sans les mêmes personnes. Albert Boumandel serait mort et ses héritiers ne sauraient rien de toute cette affaire. « Charaf Immobilier » se transforme en société privée à responsabilité limitée. Le changement de statut permet ainsi aux héritiers de Mohammed Arbai et Allal El Bakhti Taib d’exercer leurs pouvoirs légaux.