
En Espagne, une famille marocaine presque à la rue
Le propriétaire de l’appartement où Zohra, son mari et son fils vivent depuis dix ans, a obtenu du tribunal compétent une ordonnance d’expulsion obligeant la famille à quitter les lieux au plus tard le 24 juillet. Cependant, le gouvernement espagnol a émis un décret pour suspendre ce type d’expulsions et la famille de Zohra est reconnue par l’administration comme vulnérable et n’ayant pas d’autre solution de logement. Zohra a déjà réussi à faire annuler à deux reprises l’ordonnance d’expulsion prononcée contre elle par le juge, rappelle-t-on. Publique.
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L’appartement est un deux-pièces situé dans la rue Zurita, dans le quartier central de Lavapiés à Madrid. Il s’agit d’un vieil immeuble qui avait commencé à se dégrader. « La maison était en bon état en juin (quand ils ont emménagé), mais en décembre c’était invivable. Le plafond était plein de moisissure et d’eau à cause des fuites », raconte Zohra, qui dit avoir demandé à plusieurs reprises au propriétaire de trouver une solution à la situation. Sans succès.
Et il continue : « Nous avons passé plusieurs mois sans eau chaude, ils nous ont coupé l’électricité et ils ne nous ont même pas aidés quand le toit s’est effondré. » Après ce dernier incident qui a blessé son fils de 8 ans, les pompiers, ainsi que les services sociaux de Madrid, ont produit des rapports alertant sur l’état de délabrement du bâtiment. Mais le propriétaire continue de faire la sourde oreille. « Tout cela, ne pas nous aider, ne rien réparer, c’est pour nous faire partir… »
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Zohra et son mari se disent affectés par cette situation. Ils souffrent d’hypertension et de diabète et craignent pour l’avenir de leur enfant. « Les services sociaux m’ont dit qu’ils allaient me l’enlever, qu’ils allaient nous séparer si je ne quittais pas cette maison et ne trouvais pas un autre endroit où vivre… J’imagine que c’était pour me faire peur, pour me mettre la pression », raconte-t-elle.
« Ce qu’il (le propriétaire) veut, c’est nous expulser pour le rénover et augmenter le loyer. Dans ce même quartier, il a des maisons vides et il ne veut pas nous les louer. Il nous l’a dit très clairement : il veut forcer toutes les familles marocaines à partir. Mes voisins aussi. Ils ont très peur », ajoute Zohra, qui tente depuis des mois de trouver un logement à 900 euros à Madrid. Sans succès. Toutes les démarches entreprises pour obtenir un logement social se sont également révélées vaines.