
Face au blanchiment d’argent, l’État répond
Des transactions immobilières suspectes à Tanger, Kénitra, Bouznika et Casablanca alertent l'Autorité nationale de renseignement financier (ANRF). Face à l'afflux de « fonds anonymes » dans ces villes, notaires, agents immobiliers et établissements bancaires ont dénoncé des pratiques douteuses, poussant l'ANRF à saisir le parquet compétent.
Plus de 5 000 déclarations de transactions suspectes ont été soumises aux tribunaux, reflétant l'inquiétude croissante concernant le blanchiment d'argent dans le secteur immobilier. L'enquête, confiée à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), vise à identifier et poursuivre les individus impliqués dans ces opérations suspectes.
Kénitra, particulièrement exposée en raison de son boom immobilier, fait l'objet d'une attention particulière de la part de l'ANRF. Plusieurs dossiers de promoteurs immobiliers ont été transmis au parquet pour clarifier l'origine des fonds utilisés dans certains projets.
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Le ministère public a demandé aux procureurs de tout le pays d'ordonner des enquêtes financières sur les délits liés au blanchiment d'argent. Les tribunaux de première instance de Casablanca, Fès et Marrakech sont désormais compétents pour examiner ces dossiers, auparavant centralisés à Rabat.
De même, le président du Conseil national de l'Ordre des Notaires a exhorté ses membres à signaler toute transaction suspecte, tandis que le ministre du Logement a demandé aux notaires et aux agents immobiliers de signaler les cas suspects de blanchiment d'argent.
Ces mesures s'inscrivent dans la continuité des efforts de l'ANRF qui a enregistré en 2022 une hausse de 52,7% des signalements de suspicion de blanchiment, pour un total de 5.208 signalements. Le secteur bancaire reste la principale source de reporting, suivi par les établissements de paiement. L’année 2022 a également été marquée par l’implication accrue du secteur non financier dans le processus de reporting.