
Un marocain au cœur d’une vaste fraude fiscale à Paris
Les faits remontent à la fin des années 2000, lorsque Abdelali Boukhriss, en tant que directeur du secteur du gaz pour TFN, une filiale du groupe atalien, le géant de la propreté française, avait été confié à la rénovation des canapés à gaz de l’habitat de Paris. C’est dans ce contexte que Boukhriss recrute des artisans, dont François Gomis. “Immédiatement, il m’a fait comprendre que pour pouvoir travailler avec eux, j’ai dû faire de petits cadeaux, y compris un téléphone portable”, a déclaré cet artisan de Yvelines à la parisien.
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Après des mois de travail sans contrat et sans rémunération, Gomis et ses collègues ont réclamé leur due à plusieurs reprises, avant de recevoir des transferts de Pologne. Par la suite, le Yvelinan Craftsman a décidé de créer son entreprise, dans l’espoir de gagner des marchés de sous-traitance. Mais Boukhriss l’a fait la même demande: “Il m’a dit que je lui devais 500 euros par conduite déjà posée, et 1 000 euros pour que ceux-ci viennent”. Gomis s’oppose à nouveau à lui un refus catégorique.
Le site est ensuite suspendu et Boukhriss refuse de régler Gomis pour le travail déjà fait. “Il a même menacé d’attaquer ma famille”, dénonce le directeur commercial qui dit avoir enregistré des pertes d’environ 300 000 euros et des risques pour faire faillite. Le Yvelinois apporte le cas à la connaissance de l’habitat de Paris pour essayer un règlement amical. Le bureau de HLM, alors dirigé par Pierre-René Lemas, ne l’a pas donné immédiatement. “Ils m’ont dit que cette corruption était basée uniquement sur des allégations de vagues”, explique François Gomis qui finit par saisir la justice.
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Dans le cadre de l’enquête pour la «corruption» ouverte, la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la police judiciaire de Paris a entendu plusieurs témoins qui ont confirmé les faits. Dans le même temps, l’enquête menée par Tracfin, le service de renseignement spécialisé dans les flux financiers, a révélé que Boukhriss avait effectué des transferts importants de fonds au Maroc, son pays d’origine. Sur la base de ces informations, sa maison, ainsi que le siège de TFN, sont fouillées et son patrimoine immobilier est passé au peigne.
L’accusé possède deux appartements à Créteil, une maison à Bonnneuil-sur-Marne, une autre à Saint-Rémy-Lᵉs-Chevreuse (Yvelines) et une résidence secondaire au Maroc. Selon Justice, il a reçu un total de 530 000 euros de commissions. Placé en garde à vue en 2017, il sera condamné en juillet 2023 par le Créteil Court à 18 mois de condamnation en prison avec sursis, en l’absence du plaignant François Gomis et de son avocat, Me Olivier Combe. Boukhriss a appelé. Pour sa part, Gomis s’est opposé au jugement concernant l’aspect dommage. “M. Gomis a laissé beaucoup d’énergie et sa santé dans ce cas. Ses dommages moraux sont énormes”, a déclaré son avocat.