Troisième mort alors que le Sénégal se prépare à de nouvelles manifestations contre le report des élections
Un troisième décès a été signalé dimanche au Sénégal, où la population protestait contre la décision du président de repousser une élection qui aurait choisi son successeur. Des manifestations sporadiques se sont poursuivies tout au long du week-end, en prévision d'un appel à des manifestations à l'échelle nationale en début de semaine prochaine.
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La dernière victime en date est Landing Camara, 16 ans, décédé à la suite d'affrontements dans la ville de Ziguinchor, dans le sud-ouest du pays, selon certaines informations.
L'adolescent “a reçu un projectile à la tête et est décédé des suites de ses blessures en réanimation” samedi soir, a indiqué une source hospitalière à l'AFP.
Un membre de la branche locale du parti d'opposition populaire Pastef, Abdou Sane, a déclaré à l'AFP que plusieurs personnes avaient été grièvement blessées lors des manifestations.
Cela survient après que deux autres jeunes hommes ont été mortellement blessés lors des manifestations de vendredi, la plus grande journée de mobilisation nationale depuis que le président Macky Sall a annulé les élections prévues le week-end dernier.
Le scrutin, auquel il n'était pas éligible, devait avoir lieu le 25 février mais a été reporté au 15 décembre.
Des centaines d'arrestations
Les manifestations opposant les jeunes manifestants aux forces de sécurité deviennent de plus en plus violentes.
Un homme est mort à Dakar, la capitale, et un autre a été tué sur un campus universitaire de Saint-Louis, dans le nord du pays.
La branche sénégalaise d'Amnesty International a déclaré avoir reçu des informations faisant état de plus de 200 arrestations à travers le pays lors des manifestations de vendredi, tandis que plusieurs associations de journalistes ont fait état de violences contre les journalistes couvrant les événements.
La plupart des villes sénégalaises sont restées calmes samedi, mais les manifestations spontanées se sont poursuivies à Ziguinchor, fief de l'opposant emprisonné Ousmane Sonko.
Sonko, le candidat de Pastef, est l'un des nombreux candidats de premier plan de l'opposition qui ont été disqualifiés avant la campagne électorale.
Le président, dont le deuxième mandat devait prendre fin début avril, affirme avoir reporté le vote en raison de différends sur le bien-fondé des exclusions.
Préoccupation internationale
La décision de Sall a plongé le Sénégal dans sa pire crise depuis son indépendance de la France en 1960, le bloc ouest-africain de la Cedeao, l'Union européenne et d'autres organismes internationaux exprimant de sérieuses inquiétudes.
L'UE a exhorté dimanche les autorités sénégalaises à “garantir les libertés fondamentales”.
“L'UE présente ses condoléances aux proches des victimes et appelle les autorités à garantir les libertés fondamentales”, a déclaré sur X la porte-parole de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Nabila Massrali.
Le Bureau des Affaires africaines du Département d'État américain s'est dit « attristé » par les morts provoquées par les manifestants.
“Nous exhortons toutes les parties à agir de manière pacifique et mesurée, et nous continuons d'appeler le président Sall à rétablir le calendrier électoral, à restaurer la confiance et à ramener le calme dans la situation”, a-t-il écrit samedi dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Le mouvement de la société civile Aar Sunu Election (« Protégeons nos élections ») a appelé mardi à une nouvelle série de manifestations à l'échelle nationale.
(avec AFP)