Energie solaire au Maroc : des ratés inquiétants
Atteindre l’autosuffisance énergétique grâce à l’énergie solaire. C'était l'ambition des autorités marocaines lorsqu'elles ont inauguré en 2018 la centrale solaire Noor Ouarzazate III. Elle était censée produire de l'électricité grâce à la technologie CSP (énergie solaire concentrée). Mais depuis plusieurs semaines, cette centrale, détenue à 75 % par le saoudien Acwa Power et à 25 % par l'entreprise publique marocaine Masen, est à l'arrêt.
Une fuite dans le réservoir de stockage de « sel fondu » serait à l'origine de cette situation, avait annoncé Acwa Power fin mars. Il faudra attendre novembre pour espérer une reprise de la production, huit bons mois d'interruption qui engendreront des pertes de 47 millions de dollars pour l'entreprise. Toutefois, la panne ne devrait pas affecter de manière significative le réseau électrique marocain. « L’arrêt de Noor III ne devrait pas entraîner une perte de plus de 0,9% de la production nette locale d’énergie électrique » en 2024, analyse de La CroixAmin Bennouna, professeur de physique et spécialiste de l'énergie.
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Depuis 2009, le Maroc développe un vaste et ambitieux programme d’énergies renouvelables. Le royaume dispose des atouts naturels (soleil permanent et vents puissants) pour atteindre ses objectifs. Mais la panne de la centrale de Noor Ouarzazate III fait craindre sur la stratégie adoptée en matière d'énergie solaire. En 2020, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait émis des réserves sur le choix de la technologie CSP pour Noor Ouarzazate III. “Au vu des prix du photovoltaïque et de l'éolien, la technologie CSP est aujourd'hui, malgré l'avantage du stockage, relativement coûteuse et ne se justifie plus à l'avenir”, observe l'institution dans un rapport.
Le Maroc ambitionnait d'atteindre 42% de production d'énergie renouvelable en 2020. Un objectif qu'il n'est toujours pas parvenu à atteindre, la barre des 37% n'ayant jamais été franchie. Le charbon reste la principale source de production d'électricité du royaume. « La stratégie adoptée en 2009 était très ambitieuse. Mais ce n’était pas à notre portée, nous n’en avions pas les moyens », constate Amin Bennouna. Désormais, les autorités marocaines visent 52 % d'énergies renouvelables d'ici 2030. « Le secteur arrive enfin à maturité et la mise en service des projets s'accélère. Cet objectif devrait être atteint», estime l'expert.