Les ports marocains donnent des sueurs froides à l’Espagne
C’est l’organisme public Puertos del Estado, chargé de gérer les ports espagnols, qui tire la sonnette d’alarme. Son président, Álvaro Rodríguez Dapena, n’a pas mâché ses mots lors d’une récente visite à Melilla : les ports marocains, avec Tanger Med en tête, sont devenus des « rivaux très puissants ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Tanger Med traite aujourd’hui près de neuf millions de conteneurs EVP (équivalent vingt pieds) par an, écrasant littéralement le port d’Algésiras, bien qu’il soit leader en Espagne, qui avec Valence atteint à peine les cinq millions.
Face à cette concurrence accrue, Rodríguez Dapena met en avant les atouts de chaque pays. Le Maroc, avec Tanger Med, bénéficie d’un « avantage compétitif en termes de prix », attirant ainsi un nombre croissant d’armateurs. L’Espagne, forte de son appartenance à l’Union européenne, compte sur la qualité de ses services pour se démarquer.
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Mais Puertos del Estado se veut rassurant et préfère mettre en avant la complémentarité entre ports espagnols et marocains. L’« émergence » du Maroc génère des « trafics complémentaires », notamment dans le secteur « ro-ro », le transport de véhicules roulants. « Ce que nous constatons, c’est qu’en plus d’un rééquilibrage dans la répartition des flux de ces conteneurs, il y a eu une augmentation annuelle de l’ordre de six ou sept pour cent au cours des dix ou quinze dernières années. trafic roulier, qu’il s’agisse de camions complets ou de semi-remorques, ce qui signifie que les deux parties en bénéficient », explique Rodríguez Dapena.