
Les sorciers font leur révolution
Fini le temps où les marabouts et sorciers recevaient leurs clients dans des cases isolées ou leur donnaient des rendez-vous secrets. Désormais, ils se lancent dans la modernité. Ils proposent leurs services sur Facebook et d’autres plateformes. Ces services peuvent se résumer en quelques points : faire revenir l’ex-partenaire, annuler les sorts de vengeance, et même les charmes pour que tout aille mal dans la vie, mais aussi se protéger du mauvais œil, augmenter la prospérité des hommes d’affaires, ou encore dénicher des trésors cachés.
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Les marabouts et sorciers ont pris d’assaut les réseaux sociaux à l’approche de l’Aïd el-Adha 2024. Parmi leurs pratiques figure l’utilisation de « l’os de l’épaule » du mouton sacrifié. Selon la légende, cet os est réservé à l’écriture de talismans mystiques et est donc doté de pouvoirs maléfiques. Dans un communiqué, HespressKhouloud Sbai, professeure de psychologie sociale, explique que la magie et la sorcellerie sont des phénomènes sociaux profondément enracinés, impossibles à éradiquer dans un avenir proche. Ces pratiques répondent à des besoins émotionnels et relationnels, bien au-delà des simples remèdes psychologiques. Selon elle, en rendant ces pratiques visibles, les réseaux sociaux contribuent paradoxalement à la dénonciation et à la prise de conscience collective de leur existence.
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Pour Mustapha Siali, professeur de psychologie sociale à l’université Cadi Ayyad, il est possible de lutter contre la sorcellerie. Selon lui, cette lutte passera par l’éducation et la sensibilisation des jeunes générations aux dangers de ces pratiques. La répression ayant montré ses limites, l’universitaire appelle à une réelle volonté de l’État pour éradiquer ces croyances archaïques dans un pays où l’islam, religion d’État, condamne fermement la sorcellerie.